« Dites-moi, qui gouverne vraiment Haïti ? »

Deux siècles de trahison – Le peuple haïtien face à son vrai combat

Éditorial présenté par Info Reflex, en collaboration avec Xtreme Hosting Radio

« Dites-moi franchement, qui gouverne Haïti aujourd’hui ? Est-ce le peuple, ou une poignée d’hommes au service d’intérêts qui ne sont pas les nôtres ? »

Posez cette question à n’importe qui dans les rues de Port-au-Prince, Cap-Haïtien ou ailleurs, et vous entendrez la même réponse : le peuple ne gouverne pas. Pourtant, en 1804, Haïti prouvait au monde qu’un peuple pouvait briser ses chaînes. Mais deux siècles plus tard, cette conquête historique semble confisquée.

Les élites locales, alliées aux puissances étrangères, ont pris les rênes. Les intérêts du peuple sont relégués, et le pays, maintenu dans un cycle d’exploitation, de dépendance et d’instabilité.

Alors la question essentielle se pose : que doit faire le peuple haïtien pour reconquérir son indépendance réelle ?

Une indépendance volée dès le départ

L’indépendance politique, acquise de haute lutte, a été rapidement trahie. Dès l’assassinat de Dessalines, les luttes internes et les intérêts personnels ont ouvert la voie aux influences extérieures. Le cas le plus flagrant : l’indemnité imposée par la France en 1825, une dette écrasante qui a saigné l’économie nationale pendant plus d’un siècle.

Depuis, le même scénario se répète. Des gouvernements faibles, manipulés, prêts à vendre les ressources du pays, pendant que les masses vivent dans la pauvreté.

Pourquoi ce système perdure-t-il ?

Parce qu’il repose sur un équilibre artificiel : une minorité s’enrichit, le peuple est appauvri et tenu à l’écart. Chaque crise est exploitée pour justifier plus de dépendance. Le système éducatif est saboté, les institutions sont fragilisées, la jeunesse poussée à l’exil.

Pendant ce temps, les élites négocient avec les puissances étrangères, les banques, les ONG. Rien ne change.

Que doit faire le peuple ?

1. Organiser ses propres structures

Le changement ne viendra pas des partis politiques corrompus. Le peuple doit créer des comités communautaires autonomes pour gérer ses besoins : sécurité, alimentation, justice locale, entraide. Ces réseaux locaux sont la base d’une véritable souveraineté populaire.

2. Refuser l’aide conditionnée

L’”aide internationale” est souvent un poison : argent détourné, projets imposés, interventions militaires. Le peuple doit dire non aux solutions importées et exiger des solutions pensées par et pour les Haïtiens.

3. Élever une nouvelle génération de leaders

Le pays n’a pas besoin d’hommes politiques traditionnels. Il a besoin de leaders intègres, issus du peuple, prêts à servir, pas à se servir. Cela passe par un travail massif d’éducation politique et civique.

4. Faire de l’éducation populaire une arme

Un peuple sans mémoire ni conscience est un peuple vulnérable. Il est temps d’investir massivement dans l’éducation populaire : histoire, droits, économie, citoyenneté. Pour que plus jamais on ne trompe le peuple.

Conclusion : Le choix est clair

Alors, encore une fois : qui gouverne Haïti ?

Aujourd’hui, ce n’est pas le peuple. Mais demain, cela peut changer. L’histoire d’Haïti prouve qu’un peuple conscient et organisé peut renverser les empires. La vraie indépendance ne sera pas donnée. Elle sera arrachée, une fois encore, non par les armes, mais par l’organisation, la connaissance, et le courage collectif.

Le choix appartient au peuple. Jusqu’à quand allons-nous accepter que ce ne soit pas nous qui gouvernons notre pays ?