
Pourquoi les États-Unis déroulent-ils le tapis rouge à 59 Sud-Africains blancs, pendant qu’ils ferment leurs portes aux Haïtiens, Cubains, Vénézuéliens, Nicaraguayens et tant d’autres, qui fuient des crises bien souvent provoquées ou aggravées par ces mêmes grandes puissances ? Allons au fond des choses. Chloe Nguyen
[DÉVELOPPEMENT]
Le 29 avril dernier, les États-Unis ont accepté d’accueillir 59 réfugiés sud-africains blancs, affirmant que ceux-ci subissent des persécutions en raison de leur race. Cette annonce a fait peu de bruit dans les grands médias, mais elle soulève de lourdes contradictions.
Pendant ce temps, des milliers de Haïtiens – hommes, femmes, enfants – qui fuient l’insécurité, la faim, le chaos armé et l’effondrement de l’État, se font refouler sans pitié à la frontière ou carrément déportés. Des Cubains, des Vénézuéliens, des Nicaraguayens – tous fuyant des régimes ou des situations de pauvreté extrême – se retrouvent dans la même impasse.
Pourquoi deux poids, deux mesures ? Pourquoi cette compassion sélective ?
🎙️ [ANALYSE]
On ne peut pas ignorer le biais racial et géopolitique dans ce traitement différencié. Les réfugiés « acceptables » sont souvent ceux qui correspondent à une certaine image : blancs, chrétiens, présentables pour l’opinion publique américaine. Tandis que ceux venus d’Haïti ou d’Amérique latine sont perçus comme une menace, comme une charge, comme des “indésirables”.
Et pourtant, les Haïtiens ne fuient pas une guerre qu’ils ont créée. Ils fuient les conséquences directes de plus de cent ans d’ingérence étrangère, de dettes injustes, de manipulations économiques et politiques imposées par les puissances occidentales. Même scénario pour les Cubains ou les Vénézuéliens, étranglés par des sanctions ou des embargos.
Le comble de l’ironie ? Ce sont ces mêmes grandes puissances qui ont souvent mis le feu… et qui aujourd’hui refusent d’aider ceux qui fuient l’incendie.
🎙️ [PROPOSITION ET APPEL]
Il est temps de dénoncer cette hypocrisie à haute voix. Haïti ne réclame pas la charité, mais la justice. Nos peuples réclament une politique migratoire cohérente, humaine et équitable, sans favoritisme racial ou historique.
Nous devons aussi, en tant que peuple haïtien, mieux documenter nos drames, parler d’une seule voix sur la scène internationale, et exiger des comptes à ceux qui ont contribué à notre effondrement.
Haïti mérite plus que des renvois et du mépris. Nous avons donné au monde la première république noire libre. Nous avons inspiré les peuples à se libérer. Ce que nous demandons aujourd’hui, c’est le respect, la cohérence et la dignité.
🎙️