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Suspension des vols américains vers Haïti : un isolement organisé, un message politique. Info_Reflex-Éditorial - Le Point sur l'Actualité.
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Quand Haïti a arraché son indépendance en 1804, c’était un acte sans précédent. Une colonie peuplée d’anciens esclaves devenait libre par la force de son courage et la puissance de sa volonté. Mais vingt ans plus tard, en 1825, la France, humiliée par sa défaite, impose à notre jeune nation une rançon : 150 millions de francs-or, en échange d’une reconnaissance diplomatique. Une reconnaissance achetée au prix fort. Très fort.
Ce que cela signifie en réalité ?
C’est que les anciens esclavagistes français ont été indemnisés… et que les anciens esclaves, devenus citoyens d’une nation libre, ont dû payer leur propre liberté.
Un scandale économique et moral qui, pendant des décennies, a siphonné nos ressources, compromis notre développement, bloqué notre futur.
Et aujourd’hui encore, les cicatrices sont visibles : une dette qui a généré pauvreté, instabilité, et dépendance extérieure.
Et voilà que, 200 ans après le début de cette dette infâme, le président Emmanuel Macron annonce la création d’une commission pour étudier l’histoire franco-haïtienne et l’impact de cette dette.
Sur le papier, cela peut sembler noble, voire progressiste. Une démarche de mémoire, un pas vers la vérité. Mais posons les bonnes questions.
Pourquoi maintenant ?
Pourquoi cette soudaine volonté de regarder en arrière ?
Pourquoi une commission… et non une restitution ?
Est-ce un véritable élan de justice, ou une opération de communication ?
Le contexte est révélateur : les appels à la réparation des crimes coloniaux se multiplient. De l’Afrique aux Caraïbes, les voix s’élèvent. La pression internationale monte.
Et Macron, stratège, sait que mieux vaut devancer les demandes que de les subir. Il reprend la main, structure le récit, choisit les mots. Et surtout, il gagne du temps.
Soyons clairs : une commission, ce n’est pas une réparation.
C’est une manière d’encadrer le débat, de choisir les experts, de filtrer les conclusions. Cela permet à la France de dire : “Nous regardons le passé”, sans avoir à dire : “Nous allons agir pour réparer ce passé”.
Mais nous, Haïtiens, savons ce que valent les silences et les faux-semblants.
La vraie question n’est pas : “Que s’est-il passé ?” – nous le savons déjà.
La vraie question, c’est : “Que va-t-on faire maintenant ?”
Va-t-on parler de restitution ?
Va-t-on exiger la reconnaissance officielle de cette dette comme un crime économique d’État ?
Va-t-on transformer cette mémoire en politique publique ? En justice économique ?
Ou va-t-on, une fois de plus, tourner la page sans l’avoir lue jusqu’au bout ?
Ce moment symbolique des 200 ans doit être une opportunité pour nous, Haïtiens, de remettre notre histoire au centre de la scène mondiale.
Il ne suffit pas que la France fasse son introspection. Nous devons aussi formuler nos revendications avec force, clarté et intelligence.
Nous devons exiger :
Une reconnaissance officielle du caractère odieux de cette dette.
Une réparation financière, culturelle et symbolique.
Une coopération équitable, débarrassée de toute logique néocoloniale.
Et au-delà de la France, c’est un message à toutes les puissances qui ont bâti leur richesse sur l’esclavage, sur la colonisation, sur le pillage : l’heure de la vérité a sonné.
Haïti n’a pas besoin de pitié.
Haïti n’a pas besoin de commissions de façade.
Haïti a besoin de respect, de justice, et d’un partenariat fondé sur l’égalité réelle.
Le combat de nos ancêtres n’a jamais été pour une reconnaissance diplomatique. C’était un combat pour la dignité. Et aujourd’hui, cette dignité passe par la vérité, la mémoire… et la réparation.
C’était Info Reflex, votre point d’analyse sur le fil de l’actualité.
Demain, nous irons encore plus loin. Mais aujourd’hui, restons debout, et regardons l’Histoire bien en face.
Written by: haitiadmin
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